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Volume 3, Issue 1 (2021)

Dr Jean-Noël Baléo, Directeur régional Moyen-Orient de l’Agence universitaire de la Francophonie

L’organisation de ces recherches, autour de l’Impact de la catastrophe sur la culture et le comportement humain, a eu un relief bien particulier. Nous vivons en effet une accumulation de crises qui peuvent sans doute être assimilées à autant de catastrophes. Les implications en sont majeures.

Sur la culture, d’une part, car la crise, souvent, déconstruit l’expression culturelle. Et comme l’a dit Albert Camus, « tout ce qui dégrade la culture raccourcit les chemins qui mènent à la servitude ».

Sur le comportement humain ensuite, car lorsque l’on est confronté à des enjeux de survie, lorsque le court terme prend le dessus sur le long terme, les effets se font sentir sur la motivation individuelle et collective, avec la remise en question des valeurs, des priorités. Quelle que soit la crise, économique, sociale, sécuritaire, sanitaire, les répercussions sur les individus sont majeures. A l’échelle collective, c’est tout un système de valeurs sociales qui peut se désagréger.

Les implications sont aussi gigantesques sur le système éducatif. Dans le monde entier, la crise sanitaire aura accéléré une mutation vers le numérique. D’une contrainte, on a souvent pu tirer une opportunité. Mais bien entendu, le numérique n’est pas la solution universelle. L’enseignement à distance a constitué un recours temporaire, qui restera ensuite un complément important et une composante essentielle pour les institutions éducatives, mais avec un niveau de dosage d’hybridation qui sera à déterminer.

Ce volume aborde d'autres aspects de la catastrophe: le succès du Japon dans la lutte contre le Covid; les stratégies des soins multilingues œuvrent également pour une culture de la santé mondiale. La psychologie a sa place dans le test de la fiabilité et la validité de l'échelle de psychoticisme.

De plus, les espaces sont exploités du point de vue littéraire et architectural: la métamorphose urbaine explique la tension entre le mode de vie traditionnel et l'essor de la technologie. Enfin, le rôle des spécialistes du marketing est essentiel pour améliorer l'usage de l'entreprise.

Malheureusement, on ne peut pas ne pas relier le sujet de ces recherches à la situation qui prévaut au Liban depuis de longs mois.

Avec une accumulation de crises et de catastrophes, l’enjeu, aujourd’hui pour le Liban, c’est aussi et surtout de préserver le capital humain, si ce n’est de ralentir sa dégradation, car les dommages sont déjà bien présents. C’est une question d’identité, c’est même une question existentielle pour ce pays.

L’AUF porte la conviction qu’il est indispensable de conserver le potentiel universitaire, éducatif et scientifique du pays, essentiel pour l’avenir du Liban, de sa jeunesse, et de sa capacité à produire l’expertise, les compétences et les qualifications socioprofessionnelles nécessaires au relèvement du pays.

L’Agence a ainsi décidé de se mobiliser pleinement pour aider ses membres dans leurs efforts de résilience, avec une contribution spécifique exceptionnelle. Sa réponse a été formulée sous la forme d’un Plan spécial AUF pour le Liban, qui est activement mis en œuvre. Celui-ci, dans une démarche holistique et systémique, intègre un appui à l’intégralité du secteur éducatif, de l’enseignement primaire et secondaire jusqu’à la recherche scientifique et l’entrepreneuriat.

Ainsi du nouveau Programme « 3R Liban : Recherche. Réponses. Résilience », dans lequel l’AUF et le CNRS-Liban soutiennent des projets scientifiques à impact national, à court ou long terme. Il s’agit de formuler des réponses à la crise et aux catastrophes, par la science, par la recherche.

Je salue en conclusion l’initiative de ces recherches que l’on doit à l’Université arabe de Beyrouth, et qui aura été l’occasion d’échanges scientifiques fructueux, dans cet esprit de partenariat et d’amitié qui est au cœur des valeurs portées par l’AUF.

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